• Accusation de dopage

    Athlétisme : la fédération internationale dément des accusations de dopage « sensationnalistes »

    Le Monde.fr avec AFP | 04.08.2015 à 19h28 • Mis à jour le 04.08.2015 à 19h41 

    A droite, Lamine Diack, président de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme, le 3 août, lors de la session du Comité international olympique, à Kuala Lumpur.

    « Sensationnalistes et trompeuses. » C’est ainsi que l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF) a désigné les informations de la chaîne de télévision publique allemande ARD et de l’hebdomadaire britannique Sunday Times, qui suspectent l’existence d’un dopage massif dans l’athlétisme.

    « La suspicion seule n’est pas une preuve de dopage », a répliqué l’IAAF dans un communiqué, mardi 4 août, au sujet de ces échantillons sanguins de 800 athlètes présentant des valeurs « suspectes ou hautement suspectes » épinglés par ARD et le journal dominical britannique. Selon ces médias, parmi toutes les médailles mondiales ou olympiques décernées dans les épreuves de demi-fond et de fond durant la période 2001-2012, une sur trois ferait l’objet de suspicions (soit 146, dont 55 en or). L’ensemble des catégories concernées va du 800 m au marathon.

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    « Les résultats auxquels il est fait référence ne sont pas des contrôles [antidopage] positifs, et d’ailleurs, à la fois ARD et le Sunday Times admettent que leurs évaluations de ces données ne valent pas preuve de dopage », insiste la fédération. Dans son documentaire de samedi, détaillé par le Sunday Times dimanche, ARD basait ses accusations sur 12 000 échantillons sanguins prélevés entre 2001 et 2012 et concernant 5 000 athlètes, une base de données détenue confidentiellement par l’IAAF.

    Un professeur en renfort

    A l’appui de leurs accusations, les médias allemand et britannique avaient cité deux chercheurs australiens, Michael Ashenden et Robin Parisotto, les cofondateurs de la méthode de détection de l’EPO, selon qui le dopage dans l’athlétisme serait l’équivalent de ce qui s’est passé dans le cyclisme il y a plusieurs années.

    Dans sa réponse de mardi, l’IAAF a également appelé un expert à l’appui de sa défense, en la personne du professeur Giuseppe D’Onofrio, un des leaders mondiaux en matière d’hématologie. « Il n’y a pas de place pour les raccourcis, les approches simplistes ou le sensationnalisme quand la réputation et la carrière des athlètes sont en jeu », a déclaré ce chercheur.

    Le scientifique italien, membre du groupe qui avait travaillé à l’élaboration du passeport biologique désormais obligatoire pour chaque athlète depuis 2009, a ajouté qu’il « [déplorait] » à présent « les commentaires publics de certains collègues sur des échantillons sanguins obtenus hors du cadre strict défini par l’Agence mondiale antidopage ».

    Après ces accusations d’ARD et du Sunday Times, qui visaient notamment la Russie et le Kenya, l’Agence mondiale antidopage s’était pourtant déclarée « très inquiète » dimanche, alors que les Mondiaux d’athlétisme se profilent, dans moins de trois semaines, à Pékin, dans le Nid d’oiseau des JO 2008.

    Accusation de dopage

    « Pas de système parfait »

    Lundi, le patron du Comité international olympique, Thomas Bach, avait répété que son organisation appliquerait un principe de « tolérance zéro » en matière de dopage. Quant au président de l’IAAF, Lamine Diack, il avait répondu à ces allégations en parlant de manœuvres destinées à obtenir une « redistribution des médailles ».

    Niant mardi que cette base de données de 12 000 échantillons interprétée par ARD et le Sunday Times ait quoi que ce soit de « secret », l’IAAF a au contraire affirmé en avoir déjà fait une « analyse détaillée », publiée en 2011 dans une revue scientifique. Selon la fédération internationale, cette étude avait d’ailleurs relevé le même niveau de « suspicions de dopage » que celui mentionné par les deux médias ce week-end et avait également noté que la Russie et le Kenya étaient les pays avec le plus grand nombre « d’échantillons suspects ».

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    « Il n’y a pas de système parfait pour attraper les tricheurs, mais l’IAAF a été à l’avant-garde en matière de contrôles antidopage pendant des années. Et dans le cadre du programme de passeport biologique, un programme pionnier, plus d’athlètes ont été suspendus pour tricherie par l’IAAF que par toutes les autres fédérations et toutes les agences nationales antidopage réunies », a insisté la fédération dans son communiqué mardi.

    L’IAAF affirme ainsi avoir réalisé plus de 19 000 tests sanguins depuis 2001, dont plus de 11 000 depuis 2009 et l’introduction du passeport biologique. Au total, 141 athlètes ont été confondus pour dopage à l’EPO depuis les Mondiaux de 2001 à Edmonton, au Canada. Et dans le cadre du passeport biologique, plus de 150 cas douteux ont été signalés depuis 2011, menant à des sanctions contre 39 athlètes, alors que 24 dossiers sont encore en cours d’examen.


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