• Jour de Gloire

     Du journal l'Equipe.fr

    Brillante dans les plus grands marathons du monde depuis 2007, Christelle Daunay a décroché, ce samedi, sa première médaille internationale. La plus belle, celle en or, grâce à un nouveau record des championnats en 2h25’14’’. Un chrono exceptionnel, réalisé sur un parcours très difficile. La Française s’est détachée en fin de course, pour devancer de quelques secondes l’Italienne Valeria Straneo (2h25’27’’) et la Portugaise Jessica Augusto (2h25’41’’). A bientôt quarante ans, la fondeuse du SCO Sainte-Marguerite Marseille offre à la France sa première grande victoire internationale sur marathon, depuis Alain Mimoun aux Jeux de Melbourne en 1956.

    A deux cents mètres de l’arrivée, Christelle Daunay se retourne. Une fois, deux fois, trois fois. Elle n’arrive pas y croire mais si, l’Italienne Valeria Straneo est lâchée. Elle va être sacrée championne d’Europe. La Mancelle s’empare d’un drapeau français, qu’elle agite sur le pont où se trouve la ligne d’arrivée, avant de franchir la ligne en 2h25’14’’, nouveau record des championnats. Ses yeux brillent déjà d’émotion. La discrète Christelle, au tempérament si pondéré, peut laisser éclater son bonheur. Dans le camp français, on se laisse aussi aller à quelques larmes. Ce sacre, c’est une récompense qui vient couronner une carrière exemplaire. Celle d’une athlète qui, lorsqu’ « elle entre en préparation marathon, devient une deuxième personne, à la journée chronométrée et millimétrée », dixit son coach Cédric Thomas.

    Troisième et quatrième à New York, deuxième à Paris, Christelle Daunay avait déjà montré, par le passé, qu’elle faisait partie des références mondiales. Avec ce titre, sa carrière prend encore une autre dimension. « Je l’ai fait, savoure-t-elle. Cette victoire concrétise un beau palmarès que j’avais déjà. Je suis très contente d’arriver après Mimoun, un grand champion. Je suis aussi heureuse pour le marathon français. J’espère que ce résultat va apporter de l’émulation. »

    La première place, elle est allée la chercher très loin au fond d’elle-même, au bout d’une course aussi passionnante qu’indécise. Au passage au cinquième kilomètre, le rythme est déjà élevé : 17’20. C’est déjà une course au train, pour les patronnes, qui se dessine. Au dixième kilomètre : 34’30. Le groupe de tête s’étiole progressivement, après un passage en 1h12’33’’ au semi-marathon. Bientôt, elles ne sont plus que trois devant : la Française, accompagnée de la vice-championne du monde Valeria Straneo et de la Turque Elvan Abeylegesse, ancienne gloire de l’athlétisme sur piste. Cette dernière finit par craquer. Le duel entre la Tricolore et l’Italienne peut commencer, même si la Portugaise Jessica Augusto navigue à une vingtaine de secondes des deux leaders. Dans la terrible côte (deux cents mètres à plus de 10 %) à gravir quatre fois,Christelle Daunay cède à chaque passage quelques mètres. Mais elle revient, toujours. C’est finalement au trente-huitième kilomètre qu’elle accélère, à son tour, dans la descente. « Il fallait être là, patiente, ne pas s’emballer, raconte la native du Mans, qui vit à Paris. J’ai monté les côtes à mon rythme, en laissant quelques mètres pour ne pas me faire mal. Je savais qu’il fallait attaquer dans les descentes. » Mètre par mètre, l’écart se creuse. Le regard fixe, Christelle fonce vers le titre de championne d’Europe.

    « Si elle venait, c’était juste pour gagner, rappelle Cédric Thomas. C’était vraiment sa réflexion. En 2012, elle avait vécu une petite déception. Il fallait ce titre pour terminer en beauté, avant d’aller chercher d’autres objectifs chronométriques. » L’entraîneur fait référence à son forfait de dernière minute pour les Jeux olympiques de Londres, suite à une fracture de fatigue. A l’époque, très touchée, Christelle Daunay avait même pensé mettre un terme à sa carrière. Elle est finalement repartie à l’entraînement et a décidé, cette année, de faire un sacrifice financier en privilégiant les championnats d’Europe, par rapport à un grand marathon lucratif à l’automne. L’aide de la fédération, notamment dans le cadre du Plan marathon lancé au printemps et de la Ligue nationale d’athlétisme, est venue, en partie, pallier le manque à gagner. Et l’or suisse, c’est certain aujourd’hui, a une valeur inégalable. « Christelle m’a remercié à l’arrivée, s’exclame Ghani Yalouz, le directeur technique national. Mais c’est moi qui la remercie. On a beaucoup discuté ensemble. Elle nous a écoutés et entendus. Comme je le lui ai dit, les victoires sous le maillot de l’équipe de France, tout le monde s’en souvient. » Celle du jour est déjà mémorable.

          

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