• Julliette la Picarde

    Il court, il court l’esprit de la Transbaie [VIDEOS]

    Publié le 22/06/2014

    Par RACHID TOUAZI

    D’abord relever un défi qu’ils se sont lancé  : c’est l’esprit qui a encore animé les participants de la 26e édition. Qu’importe leur classement.

                  Julliette la Picarde

    Saint-Valery, une heure avant le départ. Attablés dans un restaurant près du port, deux coureurs n’ont peur de rien. Ils s’attaquent à une saucisse frites et une ficelle picarde, le tout arrosé d’eau gazeuse, histoire sans doute de se donner bonne conscience.
    Athlétisme : la Transbaie 2014 par courrier-picard

    La Transbaie est au point mort et c’est l’heure des derniers préparatifs. Il fait chaud et deux familles résidant à Beauvais se prélassent sur la pelouse. L’heure est au repos et Sylvain, licencié à l’EAC Méru, prend la parole au nom de tous et de toutes âgés de 10 à 49 ans : «  Certains d’entre nous l’ont déjà courue et d’autres la découvrent. Chacun a son petit défi personnel à relever. C’est l’esprit Transbaie et on a l’impression d’être déjà en vacances.  »

    Il fait chaud, de plus en plus chaud lorsque huit coureurs habillés en baigneurs viennent retirer leurs dossards après avoir roulé pendant deux heures. «  On vient de Honfleur et c’est par le bouche-à-oreille qu’on a connu cette course. On s’est aussi lancé un pari lors d’une dégustation de vins et on a regardé les vidéos sur internet pour savoir à quoi s’attendre  », raconte l’un d’entre eux. Un peu tendu, il mange du sucre pour éviter le coup de barre au milieu de la Baie de la Somme.

    Marée humaine

    À une demi-heure du départ, il n’y a plus une seule place sur la ligne de départ. L’excitation monte d’un cran lorsque Philippe Barbier, le Daniel Mangeas des courses sur route, indique qu’il ne reste plus que cinq minutes.
    Transbaie 2014 : le départ et l'arrivée par courrier-picard

    Puis quatre, trois, deux et une !

    C’est parti, 6500 coureurs voire plus sont lâchés. Une marée humaine avec les spécialistes en tête puis un long serpent de mer formé par les anonymes, déguisés ou pas. À ce moment-là, la magie opère toujours sur ceux ou celles qui croient connaître la Transbaie. Elle vous surprend, encore et encore. Elle vous emmène, elle vous emporte et finit par vous envoûter. Il y a 26 ans, Denis Courtois, le père fondateur de l’épreuve, a eu une idée géniale. Parce qu’il voulait arrêter de fumer, il a créé une épreuve inclassable.

    Le sentiment d’être privilégié

    Une course qui a fait hurler de plaisir Albino, supporter de l’Amiens SC. Habitant à Saint-Léger les Domart, il a pris son vélo et parcouru une cinquantaine de kilomètres pour encourager les coureurs au bord de la route  : «  Allez les filles, allez les garçons. Bravo !  » Il s’égosille et finit presque par verser une petite larme : «  Que c’est beau. Vu de l’extérieur, on a envie d’être dedans.  » Vu de l’extérieur, on a envie de la courir et de participer à un moment de partage fort, inoubliable les pieds dans l’eau, la boue, le sable et la vase sans parler de la traversée de la Baie entre Le Crotoy et Saint-Valery. Une vue unique, magique avec ce sentiment égoïste d’être privilégié. «  C’est ma première Transbaie et c’est plus sympa que la course sur route. Il y a une différence de rythme. Il y a de l’entraide et on prend le temps de discuter avec les gens  » raconte Marielle, licenciée au Val de Somme. La quarantaine resplendissante, elle reviendra l’année prochaine tout comme Bruno dont c’était aussi la première. La veille, il avait un petit peu forcé au niveau de son foie et il n’avait couru que deux fois en deux mois. Très peu mais suffisant pour un kiné qui connaît très bien son corps : «  Le plus surprenant, ce sont les changements de rythme. C’est plus galère que sur le bitume. Par moments, on a l’impression de prendre quatre kilos en trente secondes mais il y a du monde et ça aide.  » Une seule Transbaie suffit pour vous transmettre le virus.

    Thierry, l’un des Baigneurs venus de Honfleur qui ont mordu à l’hameçon, l’a attrapé : «  C’est l’équivalent d’un semi-marathon même si au niveau des appuis, c’est complètement diffèrent et plus difficile surtout dans la vase. Mais il faut la faire pour l’ambiance avec l’esprit sport et fun. » L’esprit du numéro 4675.

    Assis sur une botte, il a fini avec des crampes et n’a même pas eu le courage d’aller consulter son classement. C’était secondaire pour lui. Il venait de relever un défi qu’il s’était lancé. L’essence même de la Transbaie. Il ne lui restait plus qu’à aller manger une petite saucisse frites ou une ficelle picarde, le tout arrosé d’une boisson gazeuse ou d’une petite bière.

            
    Transbaie 2014 : le départ et l'arrivée par courrier-picard
    RACHID TOUAZI