• Kemboi et l'histoire

    Le quadruplé pour Ezekiel Kemboi

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    Pour la quatrième fois consécutive, Ezekiel Kemboi s’est adjugé l’or sur le 3 000 m steeple, dépassant son coach Moses Kiptanui, trois fois titré en 1991, 1993 et 1995. Hallucinant !

    Il n’a même pas osé enlever son maillot, Ezekiel Kemboi. Le fantasque kényan en aurait été capable, mais il y a désormais la jurisprudence Mahiedine Mekhissi

    Sur le steeple, il y a Ezekiel Kemboi et les autres. Sur le steeple, parmi les Kényans, il y a Ezekiel Kemboi et ses compatriotes. 2009, 2011, 2013, 2015, il a réalisé la passe de quatre. Une régularité affolante à laquelle il convient de rajouter trois médailles d’argent, 2003, 2005 et 2007, et deux titres olympiques (2004 et 2012).

    En dix grands championnats depuis 2003, il fut bouté une seule fois hors du podium, à Pékin en 2008 (7e). Crazy, isn’t !? Il faudrait lancer un défi à Mo Farah…Non ?!

    Plus prosaïquement, la course s’est emballée à l’amorce des deux derniers tours, et surtout au finish, la marque de fabrique de Kemboi, capable aussi de s’imposer avec un train d’enfer, comme à Berlin en 2009 (8’00’’43).

    Quatre Kényans aux quatre premières places…

    Au bord du tartan, l’impression visuelle diffère du haut des tribunes. On reste tout simplement déconcerté par la prodigieuse accélération fournie par le Kényan dans la dernière ligne droite, et surtout après l’ultime barrière, bien mieux franchie que son compatriote Conseslus Kipruto, deuxième comme en 2013 à Moscou (8’11’’28 pour Kemboi, 8’12’’38 pour Kipruto).

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    Si depuis sept ans, les Français avaient contrarié l’hégémonie kényane (argent pour Mekhissi en 2008 et 2012 aux Jeux ; bronze pour Tahri en 2009 et pour Mekhissi en 2011 et 2013 aux Mondiaux), le podium fut 100% kényan avec la 3e place de Brimin Kriputo. Comme en 2007 à Osaka, ou c’est ce dernier qui l’avait emporté.

    La nouveauté, c’est que quatre kényans ont trusté les quatre premières places ! Ce qui ne s’était vu qu’à deux reprises par le passé aux championnats du Monde, avec les Américains sur le 200 m masculin en 2005 et les Ethiopiennes la même année sur le 5 000 mètres.

    Birech et Jager, numéro 1 et 2 au bilan, ont craqué

    Et c’est le numéro 1 mondial Jainus Birech qui fit les frais de la densité kényane, en prenant la 4e place…

    Le plus déroutant dans l’affaire, c’est que Kemboi fut particulièrement irrégulier cette année. 8’01’’71 en performance de pointe à Eugene le 30 mai, puis 8’30’’07 à Oslo dix jours plus tard avant une 11e place en 8’19’’49 à Areva. Cherchez l’erreur.

    Areva, tiens. Evan Jager y avait ébaubi la planète demi-fond. Sans sa chute, il aurait flirté avec les 7’55’’. Mais il n’est pas devenu le premier steepleur non-africain à conquérir un titre mondial –le dernier étant l’Italien Francesco Panetta en 1987. Sa forme n’était la même qu’à Paris ou un peu plus tôt lorsqu’il avait claqué 3’32’’ sur 1 500, et l’impression visuelle laissée en séries, où il avait failli se faire éjecter, s’est confirmée en finale. Une finale où Yoann Kowaln’aurait d’ailleurs pas dépareillée…

    « J’ai fait tout ce que j’ai pu. Je suis convaincu que je suis fait pour des courses au train plus rapides, surtout face à Ezekiel ou Conseslus. Ils ont vraiment une très grosse capacité d’accélération, ils peuvent me mettre  cinq mètres en quelques foulées. Mais je n’ai pas de regrets et je suis content de moi » a souligné en zone mixte l’Américain, finalement 6e en 8’15’’47 après avoir été dépassé par son coéquipier Daniel Huling (8’14’’39).

    Et de toute  façon, personne ne pouvait endiguer la féroce domination de Kemboi, qui en avait encore sous le pied, invitant ainsi en conférence de presse les journalistes à venir danser avec lui un peu plus tard dans la nuit pékinoise…

    Les résultats du 3 000 m steeple : cliquez-ici.

    La vidéo de la course : 

    Photos : © Getty Images for IAA

    Article : http://www.vo2.fr/