• Les sélections Kényans

    le Kenya oublie un peu le dopage à l'occasion des sélections pour Rio 

    Les sélections Kényans

    Les concurrentes du 10.000 m lors des sélections kényanes, à Eldoret - SIMON MAINA/AFP

    Après avoir évité de peu la suspension collective pour les JO de Rio, l'athlétisme kényan retrouve avec soulagement le terrain sportif lors de ses sélections pour les jeux Olympiques, et promet de n'envoyer que des athlètes propres au Brésil.

    Pour les meilleurs athlètes kényans, réunis jeudi et vendredi à Eldoret, sur les contreforts de la vallée du Rift (ouest), d'où beaucoup sont originaires, ces "trials" mettent fin à de longs mois d'incertitude.

    Le Kenya a échappé de justesse au sort de la Russie, suspendue pour Rio, même si certains athlètes pourront être repêchés à titre individuel. Ses coureurs pourront aller aux JO, s'ils sont jugés éligibles par la Fédération internationale (IAAF) en vertu de critères stricts.

    "Tous les athlètes kényans au fond d'eux-mêmes étaient inquiets", reconnaît auprès de l'AFP le frère Colm O'Connell, l'entraîneur du champion olympique du 800 m, David Rudisha.

    "Ce n'est que maintenant qu'il y a un peu de certitude sur le fait que le Kenya va y aller", constate-t-il. "Maintenant les Kényans peuvent mettre ça de côté et se concentrer sur les cinq prochaines semaines."

    Depuis de longs mois, le Kenya est au cœur de la tourmente touchant l'athlétisme mondial. Une quarantaine de ses athlètes ont été impliqués dans des affaires de dopage au cours des trois dernières années.

    Fin février, le directeur général de la Fédération kényane (AK), Isaac Mwangi, a été suspendu pour six mois. Il est soupçonné de corruption pour avoir couvert des cas de dopage.

    Le pays a mis longtemps avant de prendre la mesure du problème. Il a adopté fin avril une nouvelle législation. Mais celle-ci ne répondait pas aux exigences de l'Agence mondiale antidopage (AMA).

    Une nouvelle mouture de cette loi a donc été concoctée en urgence. Mais ces tergiversations n'ont pas rassuré le Comité international olympique (CIO).

     

    - Des athlètes propres à Rio -

    Son président, Thomas Bach, a affirmé qu'existaient "des doutes sérieux sur la présomption d'innocence" des Kényans. L'IAAF, qui devra déclarer chaque athlète éligible pour Rio, après une évaluation individuelle, a cependant ensuite rappelé que les Kényans étaient parmi les plus contrôlés.

    "Le Kenya est soumis à ces sévères conditions à cause de son succès", fait valoir un haut responsable du ministère des Sports, Richard Ekai. Le Kenya est mondialement renommé pour ses coureurs. Pour la première fois de son histoire, il a terminé en tête du tableau des médailles des Mondiaux-2015 à Pékin.

    "Mais nous sommes prêts pour ça. Nous disons que nous voulons tester tous les athlètes, nous disons que nous ne voulons emmener que des athlètes propres à Rio. A nos yeux vraiment, nous faisons tout ce qui est possible", ajoute M. Ekai.

    Le discours est le même du côté de la Fédération. "Nous voulons montrer au monde que le Kenya peut encore réussir avec des athlètes propres", soutient son président Jackson Tuwei.

    "Nous nous sommes conformés à toutes les règles et les instructions qui nous ont été données par l'AMA, l'IAAF et le gouvernement kényan, à la lettre. Et nous continuerons de le faire jusqu'à ce que les jeux Olympiques soient finis et même au-delà", certifie-t-il.

    Spectateur attentif, le journaliste Elias Makori, qui conseille l'IAAF, estime qu'il ne s'agit pas que de simples mots et que les choses évoluent dans le bon sens.

    "C'est bien de voir que le gouvernement met en place une législation qui sanctionne le dopage. Cela montre qu'il est engagé dans la lutte contre le dopage", estime-t-il.

    Selon lui, les athlètes kényans ont d'abord souffert de leur naïveté: leur méconnaissance des règles antidopage et leur propension à faire confiance à des entraîneurs peu sourcilleux. Mais "les comportements changent, sans aucun doute", considère-t-il.

    "Je ne vois pas un athlète kényan être contrôlé positif à Rio", plaide-t-il. A plus long terme toutefois, beaucoup reste à faire selon lui: "à mon avis, ce qui doit être fait, c'est de l'éducation, de l'éducation et encore de l'éducation".

    AFP