• Mihiedinne Mekissi

    La «plus belle saison» de Mahiedine Mekhissi

    PUBLIÉ LE 14/11/2013

    Par Gérard KANCEL

                                                                      Mihiedinne Mekissi 

     

     
     
     
     
    Champion continental en salle, médaillé de bronze aux championnats du monde, recordman d’Europe du 3000 steeple  : le Rémois a encore brillé sur les pistes en 2013.
    mekhissi

    Mahiedine, dans quel état d’esprit abordiez-vous 2013, une saison post-olympique ?

    « Les fastes de JO passées, j’ai ressenti comme une envie de souffler. Préparer les Jeux exige beaucoup de sacrifices. En décrochant une nouvelle médaille d’argent, j’avais atteint mon objectif. Ce qui est paradoxal, c’est que je viens de boucler ma meilleure saison, alors que l’on pensait que j’allais avoir du mal à digérer cette nouvelle médaille olympique ».

    Pourquoi alors avoir souhaité disputer les championnats d’Europe en salle de Göteborg l’hiver dernier ?

    « J’effectue une première sortie, à Karlsruhe où je réalise 3’36 avec à peine trois semaines d’entraînement spécifique. Je remporte le titre européen en 3’37, dans une course où il y avait le champion du monde du 800 m, le champion d’Europe du 1500 m et le champion d’Europe du 3000 steeple. J’avais réussi ma saison indoor en améliorant mes records personnels du 1500 et du 3000 m »

    À quel moment avez-vous senti que vous étiez sur la bonne voie ?

    « Au meeting d’Eugene (Oregon), le 2 juin, où Nike, mon nouvel équipementier, avait exigé ma présence. Je réalise 8’06 dans une course tactique, sans lièvre, et avec tous les meilleurs, dont le champion olympique, Kemboi. C’est la première fois de ma carrière que je cours aussi vite à ce moment de la saison ».

    L’autre tournant se situe au meeting de Paris, le 6 juillet…

    « Après Eugene, je pars en préparation, puis j’enchaîne trois courses en huit jours : Reims où je bats mon record sur 2000 m (4’56), Nancy 4 jours plus tard où j’améliore mon meilleur chrono sur 1500 m (3’33’’12), et donc Paris où j’avais décidé de m’attaquer au record d’Europe. Si l’objectif est atteint (8’00’’09), j’aurais aimé descendre sous les 8 minutes. En steeple, c’est une frontière très significative ».

    Vous sentiez-vous déjà prêt pour aborder la principale échéance de la saison, les championnats du monde de Moscou ?

    « D’abord, il y avait le passage obligé des championnats de France où il faut quand même assurer le titre. Dans la planification de la saison, on avait prévu un meeting haut niveau (Eugene), une course à objectif (Paris) et une sortie tactique (les championnats de France). Les échéances avaient été respectées, je n’avais aucune raison de ne pas croire en moi ».

    « Je dois parvenir à battre les Kényans »

    À Moscou, vous terminez encore une fois sur le podium mondial et vous confirmez votre statut de premier opposant aux Kényans.

    « Cette finale me laisse quelques regrets. Je suis déçu de ne pas avoir su conserver ma deuxième place. Tactiquement, j’aurais pu mieux faire. Lorsque Kemboi attaque à 250 m de la ligne, j’accélère sans doute trop tôt et lorsque Kipruto me dépasse, je ne peux répondre. Mais je pense avoir tout donné ».

    Quel bilan tirez-vous de cette campagne estivale ?

    « La question qui se pose est pourquoi je ne gagne pas ? J’arrive à battre les Kényans en meetings, mais pas dans les grands championnats. On va trouver la solution. J’ai deux ans pour préparer la conquête de l’or aux Mondiaux de 2015 à Pékin, là où je suis né (2e des JO en 2008) ».

    Que nous réservez-vous en 2014 ?

    « On a choisi de délaisser un peu le steeple pour le plat. L’objectif est de me préserver psychologiquement et physiquement. En l’espace d’un an, je viens d’enchaîner quatre grands championnats (championats d’Europe d’Helsinki en juillet 2012, les JO de Londres en août 2012, les Mondiaux indoor de Göteborg en mars 2013 et les Mondiaux de Moscou en août). S’ajoutent à cela les grands meetings comme Eugene, Zurich, mon statut de leader en équipe de France, la pression médiatique et le regard de mes adversaires.

    2014 sera une année sans pression, je vais en profiter pour souffler un peu. L’objectif, c’est les Europe de Zurich ».

    Sur 1500 m ?

    « Pourquoi pas ? Je pense que je peux descendre sous les 3’30. J’ai réussi 3’33 avec un entraînement de steeple et Bob Tahri 3’32, alors que je pense être plus rapide que lui. Le 1500 va me permettre de travailler ma vitesse. Si je veux une médaille, je dois être rapide sur 1500 m et costaud sur 5000 m »