• Philippe, le roi runner

    Philippe, le roi runner

    THIBAUT HUGÉ (AVEC ANTOINE CLEVERS)  Publié le lundi 09 mai 2016 à 17h23 - Mis à jour le lundi 09 mai 2016 à 17h23

    Si certains en jouent en surfant sur le phénomène, nombreuses sont les personnalités, belges ou étrangères, à pratiquer la course à pied. Parfois à un niveau plus qu’honorable, comme le ministre wallon de l’Environnement et de la Mobilité Carlo Di Antonio

     La course à pied est le sport populaire par excellence. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a que le bon peuple qui court. Nombreux sont en effet les people et autrespolitiques à pratiquer, souvent pour les mêmes raisons que le commun des mortels. Mais parfois pour d’autres aussi, à l’instar d’un Nicolas Sarkozy n’ayant jamais rechigné à mettre en scène ses sorties, surfant même à l’excès sur la vague. Il arrive aussi que certains s’y testent sans guère de succès, à l’image de la joueuse de tennis Serena Williams abandonnant après à peine deux kilomètres lors d’une course caritative de cinq bornes.

    En Belgique, les exemples de personnalités à enfiler les baskets sont nombreux. Souvent de façon discrète, même si Bart De Wever, voici quelques années, n’avait pas hésité à en jouer. Ainsi, on se souvient que le Roi Philippe avait pris part aux 20 Km de Bruxelles en 2014, bouclant le parcours en moins de deux heures.

    Une sortie qui n’était pas un simple coup d’essai, comme nous l’a confirmé le Palais. “Le Roi pratique régulièrement la course à pied depuis de nombreuses années. C’est pour lui avant tout une question de santé : se maintenir en bonne forme physique est capital pour soi-même et pour ses proches. C’est un plus pour la vie de tous les jours et pour la vie professionnelle. Courir lui apporte également beaucoup en termes d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Enfin, la pratique de la course à pied est un exercice permanent de patience, de ténacité et de persévérance.”

    Pour les politiques, peu importe leurs idées, le sport semble être une soupape pour évacuer le stress d’une vie professionnelle stressante. Cela n’empêche pas certains de pouvoir se targuer d’un excellent niveau, comme Carlo Di Antonio (CdH), ministre wallon de l’Environnement et de la Mobilité. En 2015, il boucla encore les 20 Km de Bruxelles en 1h18. Beaucoup aimeraient en faire de même. “Lorsque j’étais jeune, j’étais presque professionnel de la course à pied”, explique-t-il. “Je m’entraînais huit à neuf fois par semaine et je faisais partie de l’équipe nationale de cross-country. Aujourd’hui, je fais encore trois à quatre sorties hebdomadaires. Ce qu’il y a de pratique avec la course à pied, c’est que c’est un sport peu contraignant. Dès que j’ai une heure de temps libre, je mets mes vêtements de sport et je peux aller courir sur le Ravel, qui se situe derrière mon cabinet à Namur. Ce sont des moments de solitude et de réflexion auxquels je tiens beaucoup. On est sans contraintes, sans téléphone, sans collègues. Ce sont des moments de liberté dont j’ai vraiment besoin pour mon équilibre personnel. D’ailleurs, quand je suis en forme, que j’arrive à faire quatre sorties par semaine, je me sens mieux, plus fort, et c’est positif dans mon travail.”

    Souvent bien classé lorsqu’il s’aligne sur des épreuves régionales, Carlo Di Antonio ne cherche pas à attirer les regards sur lui via ses performances. C’est d’ailleurs souvent le cas de ceux qui s’y débrouillent plutôt bien. Chez nos voisins français, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, n’a jamais fait le même cinéma que son président Sarkozy, tout en pouvant se targuer d’avoir, plus jeunes, bouclé un marathon sous les trois heures. Aujourd’hui, il court encore très régulièrement et s’aligne chaque année aux 20 kilomètres de Paris sous le nom de Galouzeau.

    Mais revenons à notre paysage politique belge, où Marcel Cheron, député fédéral Ecolo aux sept marathons, n’est pas le dernier à vouloir enfiler ses baskets. “J’ai toujours aimé courir”, détaille-t-il, peiné de devoir actuellement se contenter d’une sortie par semaine pour cause de problèmes aux genoux. “Cela m’a d’abord apporté une bonne hygiène de vie. Mais courir m’apporte également beaucoup au niveau mental. C’est à la fois un instant privilégié où le temps que l’on s’accorde permet de mieux réfléchir en profondeur et un moment de grande complicité entre joggeurs. Car courir avec des amis permet de forger des souvenirs forts. La course à pied rend également plus zen ceux qui vivent, comme moi, dans un milieu professionnel plutôt agressif. Enfin, l’avantage de ce sport est aussi que pour peu que l’on emporte ses chaussures, on trouve toujours bien un moment pour s’y consacrer. Il m’est ainsi arrivé à maintes reprises d’aller m’ébrouer dans le parc royal entre deux séances au Parlement fédéral.”