Récit Antoine V

Relais 2 : Fatigue, quand tu nous gagnes, quand tu nous tiens !                Retour

 Au sortir du village, j’attaque une montée légère (tout est relatif) dans un chemin entre 2 rangées d’arbres bordant des enclos à vaches. 1 km à affronter des nuages de petites mouches…

Les relais doublent en courant alors que je suis en mode rando active. La pente s’adoucit et je peux reprendre ma progression en course à pieds.

A Bois Barbu, à environ 5 km après Corrençon, surprise : je retrouve la famille turbulente. Un petit clin d’œil, un geste et un petit mot d’humour pour les remercier, et je vais me restaurer. Juste le temps prendre un verre d’eau, quelques abricots secs et Tuc, et c’est reparti... 

Après un passage en forêt, vient une longue descente de 300 m de D- dont une partie sur la route. J’en profite pour allonger grandement la foulée, regagne du temps et des places au scratch. 

Aux gorges de la Bourne, j’attaque la montée du Gros Martel (1.557 m d’altitude). Sur le papier, l’ascension ne semble pas présenter de difficulté majeure. Mais contrairement au Col Vert et aux balcons est du Vercors qui sont des paysages minéraux, nous allons entrer dans l’une des parties les plus boisées du parcours, et où les lapiaz constituent une difficulté et un danger. Les lapiaz sont des formations géologiques dues à l’action de l’eau dans une roche calcaire qui creuse des fissures. Ici, il s’agit de profondes crevasses que la végétation a recouvert. Les organisateurs nous ont prévenu : nous ne devons pas nous éloigner du tracé et si nous ne voyons plus de rubalises, nous ne devons en aucun cas tenter de couper à travers bois pour récupérer le parcours : en cas de chute dans un lapiaz, les chances de nous retrouver –  qui plus est rapidement – sont extrêmement faibles… Une sorte d’oubliettes naturelles... entre çà et les patous ! 

La difficulté réside dans le fait que nous longeons des crêtes, slalomons entre les arbres, devons enjamber des souches. Certains passages sont plus abrupts que d’autres, le sol roule sous les pieds… 

La progression est pénible, mais la forêt est superbe et l’odeur d’humus agréable. C’est comme un parfum de champignons, cela a quelque chose de gastronomique et donne faim.                                                                                                Les organisateurs ont prévenu : la saison des champignons est en retard cette année. Dommage... 

Aucune appréhension en longeant les crêtes des lapiaz, donc certains étaient pourtant d’une profondeur remarquable, selon mes critères. Guérit ?!? 

La première partie de la descente se fait le long d’une crête puis dans la forêt épaisse, et est plutôt agréable : souple et roulante. Je vole...                                            Mais nous reprenons un chemin d’exploitation forestière un peu défoncé avec ses pierres qui roulent... Puis, à la sortie de la forêt, nous descendons les prairies d’alpages et les pistes de ski, où les cailloux et les trous sont cachés sous l’herbe… En plus, quant on rejoint la trace, elle est face à une pente assez forte, il faut freiner chaque pas. 

J’ai déjà éprouvé mes chaussures en compétition et en descente, mais j’aurai peut-être dû prendre une demie pointure de plus, me rappelant mon hématome sous-unguéal à l’Éco-Trail de Paris. 

Mon dos est contracté comme une plaque d’acier, mes cuisses trinquent sévèrement, mes chevilles sont parfois chancelantes... Depuis quelques temps, je sens aussi une ampoule au pied gauche…                                                                                   La fatigue s’installe et, avec le cumul de manque de sommeil, j’ai une furieuse envie de dormir, de dormir en marchant… ou de marcher en dormant.                                 Je lutte contre le sommeil et celle de jeter l’éponge qui s’installe. Je commence à jurer !  

Après une bifurcation en forêt, j’arrive finalement à Méaudre, fin du 2^ème relais… Bientôt délivré ?                                                                                    

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