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    Les neuf erreurs les plus courantes chez les coureurs amateurs

    Renée Greusard | Journaliste Rue89
     
    C’est la rentrée. Certains décident de lire plus ou de boire moins, d’autres de se remettre à la course ou encore de continuer. Courir – on ne va pas dire le contraire de tout le monde – c’est plutôt bon pour la santé. Quand on a envie de maigrir, ça marche bien si on fait ça à jeun, quoique cette régle soit discutée.

    Mais il y a quelques conditions pour que la joie attendue à la fin de la course (on libère des endorphines donc on est content) ne se transforme pas en grosse douleur et ne donne plus du tout envie de recommencer.

    Le docteur Thierry Aimard a accepté d’en discuter autour de quelques figurines de genoux et d’os. Il est chirurgien orthopédique, spécialisé des pathologies du sport et dans son cabinet, il voit passer toutes sortes de coureurs blessés. Aux genoux, aux hanches, aux mollets.


    Le docteur Thierry Aimard, à la clinique du Mousseau, le 4 septembre 2012 (Renée Greusard/Rue89)

    Il dit qu’il y a des drogués, ceux qui courent sans arrêt et que l’idéal reste encore de courir trois fois par semaine. Même si « une fois par semaine, c’est pas mal ».

    « Trois fois, ça permet de bien espacer les efforts, de laisser à son corps le temps de récupérer, tout en ne perdant pas le rythme et en bénéficiant des effets positifs de la course. »

    1

    Courir sans s’échauffer

     Vous avez mis vos belles baskets, vous êtes tout feu tout flamme, vous avez la gagne et vous partez. Vous avez juste oublié de vous échauffer.

    Thierry Aimard :

    « Avant de faire du sport, il faut toujours se chauffer le corps, ne pas l’étirer mais le chauffer. On peut sautiller, faire de petits mouvements répétitifs. Le risque, sinon, c’est le claquage musculaire dans les mollets, souvent sur le jumeau interne du mollet, à l’arrière de la jambe.

    Après, tout dépend des organismes. Il y a des gens qui n’ont pas besoin de préparation et d’autres qui en ont besoin, mais c’est plutôt conseillé. »

    2

    Courir pieds nus sur la plage

     Vous vous êtes cru dans un film. Vous avez donc entrepris de courir pieds nus sur le sable de la plage, en chantant « Chabada chabada » et Le coureur de Jean-Jacques Goldman.

    « Je courais sur la plage abritée des alizés/Une course avec les vagues, juste un vieux compte à régler/Pieds nus comme couraient mes ancêtres. »

    On vous comprend : le problème, c’est que tout ça fait du bien au moral, mais pas au corps. Thierry Aimard :

    « Quand on est pieds nus, il n y a pas d’intermédiaire entre le pied et le sol. Et même si le sable est mou, c’est mauvais. C’est d’ailleurs justement parce que le sable est mou que le pied peut prendre à chaque pas des positions différentes.

    Ce qui fait qu’à chaque pas de course, le pied peut se tordre. La course à pied sur la plage, ce n’est donc pas recommandé sauf si le sable est dur et qu’on a l’habitude de courir.

    Les gens qui ont l’habitude de courir, eux, savent contrôler avec leurs muscles la position de leurs pieds. »

    3

    « On ne court pas en Converse »

     Vous n’avez pas envie de ressembler à tous ces ploucs qui courent avec des chaussures fluo, alors vous mettez vos petites baskets mignonnes de tous les jours. C’est vrai qu’en runnings, c’est comme en espadrilles, on a un peu l’air d’un con (parfois), mais c’est un mal pour un bien.

    Quand on court, on s’impose une violence. A chaque fois que le corps retombe au sol, son poids est multiplié par trois. Thierry Aimard :

    « La chaussure sert à absorber l’énergie entre le sol et le pied au contact du pas. Elle sert aussi à stabiliser le pied et à amortir le choc. C’est très important d’avoir des bonnes chaussures avec des bonnes semelles qui amortissent bien.

    Pour quelqu’un qui court une fois par semaine, ce n’est pas la peine de s’acheter une paire à 300 euros, mais dans tous les cas, il ne faut pas courir avec des Converse. »

    Pour les coureurs réguliers, ceux qui courent plus de trois fois par semaine, une chaussure de compet’ s’impose, plus étudiée.

    « Il y a eu beaucoup de progrès sur les chaussures ces dix dernières années. Aujourd’hui, il y a des magasins où on peut faire un bilan de la position de son pied quand on court.

    Il y a des gens qui courent en pronation, avec le pied vers l’intérieur, et d’autres en sous-pronation : le pied vers l’extérieur. Il y a des chaussures adaptées à tout ça maintenant. Le poids de la chaussure compte aussi. »

    4

    Courir comme un crapaud joyeux

     La course, c’est un peu s’évader, en soi (si, si !), s’échapper de son corps. Alors, vous aimez faire ça librement sans vous soucier du regard des autres, un peu comme Phoebe, l’héroïne de Friends. Comme un crapaud.

     On vous voit, dans les parcs, le dimanche. Vous piétinez, vous ne bougez pas vos bras, vous faites des foulées qui ressemblent à de la danse contemporaine ou du breakdance.

    C’est joyeux mais vous risquez une belle tendinite. Thierry Aimard :

    « Il faut courir dans l’axe à plat, avec de longues enjambées régulières. Il y a des gens qui piétinent. Les bons coureurs équilibrent leurs jambes avec les mouvements du haut de leurs corps. »

    5

    Courir sur une douleur

     Au lycée, quand vous aviez mal pendant un match, votre prof de hand vous disait :

    « Marchez sur la douleur ! Courez sur la douleur ! »

    Ainsi donc, aujourd’hui encore quand vous courez, si vous avez mal, vous vous murmurez :

    « Marche sur la douleur. Cours sur la douleur. »

    Mais vous vous trompez. Votre prof de hand n’était pas docteur. Aimard, si :

    « Il ne faut jamais faire ça. C’est une grosse erreur. On ne fait jamais de sport sur un organisme qui fait mal. Ça aggrave la douleur. Il faut s’arrêter, consulter éventuellement un médecin, prendre des anti-douleurs, des anti-inflammatoires, voir comment ça se passe et reprendre progressivement. »

    6

    Ne pas être un débutant raisonnable

     Thierry Aimard :

    « Quand on a un petit niveau, il faut courir sur du plat, du bitume, du dur, pas dans la forêt ou dans les nids de poules. Et quand on commence, il faut être raisonnnable, commencer par dix minutes de course. Ceux qui attaquent par une heure direct, souvent, se dégoûtent. »

    7

    Ne pas boire pendant la course

     Vous n’avez pas pensé à elle mais la bouteille d’eau qui est dans votre cuisine est votre amie. Et elle a très envie de venir faire le footing avec vous. Thierry Aimard :

    « Dès qu’on commence à transpirer, il faut boire. Tout le temps. Pour compenser. Et parce que quand on transpire, on ne perd pas que de l’eau. Le mieux, c’est de boire des breuvages types Gatorade ou Powerade, riches en sels minéraux, que vous trouvez dans les magasins de sport. »

    Voilà. On vous a tout dit : maintenant, vous pouvez courir.

    8

    Ne pas s’étirer après

     Vous avez fini. Vous êtes bien content de vous, alors pour célébrer ça, vous retournez à vos occupations. Mais vous êtes fous ? Vous avez oublié de vous étirer. Thierry Aimard :

    « S’étirer après l’effort permet de diminuer le risque de courbatures. »

    9

    Manger un cassoulet après

     Ce n’est pas parce que vous avez fait un effort sublime, que vous pouvez manger absolument tout et n’importe quoi. Même si c’est tentant. Comme nous le disait Thomas Ladrat, diététicien du sport, en avril dernier :

    « Quelques chiffres : 30 minutes de natation pour une femme de 60 kilos, cela représente une dépense d’environ 150 kilocalories. Pour comparaison, un croissant représente un apport d’environ 180kcal. »