• Komen et Noha

                    Daniel Komen, le fulgurant

    Rappelez-vous un peu plus haut, le 22 août 1997 à Bruxelles, Gebresselassie est dépossédé de son record du monde du 10 000m par Paul Tergat. Au cours du même meeting Daniel Komen s'empare de l'autre record du monde de l'Ethiopien, celui du 5000m en 12'39''74. Décidément ce soir là, les kényans auront jouer un bien mauvais tour à Gebresselassie...                                               

    Komen et NohaDaniel Komen sera d'ailleurs surtout connu comme spécialiste des courses aux chronos. Ses deux victoires aux championnats du monde Junior de 1994 sur 5000m et 10 000m, ainsi que son titre mondial sur 5000m à Athènes '97 ne seront presque qu'anecdotiques face à ses prouesses chronométriques. Ses records deviendront mythiques, presque intouchables.

     En particulier ses records mondiaux du 3000m. Le premier, celui du 3000m en plein air, il l'établit le 1er septembre 1996 sur la célèbre piste de Rieti en Italie. Komen court un détonnant 7'20''67 pulvérisant l'ancien record mondial de Noureddine Morceli de 4''44 !!! Certes la distance est moins couru que le 1500m ou le 5000m, mais quel coup de tonnerre ! Ce record ne sera d'ailleurs jamais approché, Hicham El Guerrouj étant le seul autre athlète sous les 7'25 avec ses 7'23''09. Son second record mondial est le 3000m en salle à Budapest le 6 février 1998 avec un 7'24''90, seulement 12 jours après le record du monde d'Haile Gebresselassie en 7'26''15.

    Autre record du monde toujours d'actualité, celui du 2 miles couru en 7'58''61 en 1997 à Hechtel en Belgique. Il fut ainsi le premier homme sous les 8 minutes aux 2 miles, 43 ans après l'exploit de l’Anglais Roger Bannister, alors premier homme sous les 4 minutes au mile. Que les temps ont changé ! On court alors aussi vite pour une distance deux fois plus longue...

    Noah Ngeny, deux ans de gloire

    Un autre athlète possède de nombreux points communs avec Daniel Komen, il s’agit de Noah Ngeny. Tout d'abord leur faible nombre d'années en haut de l'élite mondiale. Mais surtout, ils partagent le fait de chacun posséder un record du monde sur une distance non olympique et qui tient toujours grâce à une performance réalisée sur la fameuse piste de Rieti en Italie.

    Le jeune Noah Ngeny commence sa carrière par deux belles premières années sur le circuit européen avec pour meilleurs chrono en 1997 un 3'32''91 à Monaco sur 1500m et un 3'30''34 l'année suivante sur la même piste.

    Son talent éclate au grand jour à Rome le 7 juillet 1999 lorsqu'il termine sur le mile à seulement 0''27 du grand Hicham El Guerrouj qui bat alors le record du monde de Nourredine Morceli en 3'43''13. El Guerrouj détient toujours ce record du monde et Noah Ngeny la seconde performance de tous les temps. Ngeny confirme sa forme du moment en courant le 17 juillet à Nice un 1000m en 2'12''68 non loin du record du monde de Sebastian Coe couru en 1981 en 2'12''18.

    Le 24 août aux mondiaux de Séville '99, Ngeny prend la seconde place du 1500m derrière le même El Guerrouj dans un chrono de 3'28''73 à une seconde du marocain.

    Mais surtout le 5 septembre 1999 à Rieti, Noah Ngeny réalise une course magnifique sur 1000m et offre à l'Afrique le seul record du monde en demi-fond qui lui résistait encore. Le lièvre passe en 49''66 au 400m et l'emmène jusqu'aux 700 mètres. Après il doit se débrouiller tout seul. Il avale les 800 mètres en 1'44''62 et termine comme il peut les derniers 200 mètres en 27''34. Le chrono s'arrête en 2'11''96 ! L'année 1999 est exceptionnelle pour Noah Ngeny qui parvient également à courir six fois sous les 3'30 au 1500m. Hicham El Guerrouj sait qu'aux JO de Sydney 2000, il devra se méfier du kényan s'il veut s'offrir le seul titre qui manque encore à son palmarès.

    Le 11 août 2000, Noah Ngeny prouve sa forme du moment en battant son record personnel du 1500m à Zurich en 3'28''12, alors qu'El Guerrouj confirme son statut de favoris en gagnant la course en 3'27''21. Hicham El Guerrouj, avec ses records mondiaux du 1500m, du mile et du 2000 m est le favori incontesté, d’autant plus qu’il enregistra une seule défaite durant l'olympiade post-Atlanta (contrairement à une erreur répandue, une olympiade désigne les quatre ans entre deux jeux olympiques).

                               

    Lors de la finale à Sydney, Hicham El Guerrouj reçoit l'aide de son compatrioteYoussef Baba jusqu'aux 800 mètres passés en 1'54''77. Il accélère progressivement à un rythme qui doit lui permettre de lâcher ses adversaires. Mais suivent les deux kenyans Noah Ngeny et Bernard Lagat ainsi que le français Mehdi Baala. L'impensable se produit alors, Noah Ngeny se décale dans la dernière ligne droite et vient doubler le grand Hicham pour l'emporter en 3'32''07, record olympique. Quel coup de tonnerre sur les Jeux de Sydney ! El Guerrouj est deuxième en 3'32''32, Lagat est troisième en 3'32''44.

    Ce sera là le dernier grand fait d'arme de Noah Ngeny qui connaitra fin 2001 un accident de voiture au Kenya qui lui laissera quelques séquelles. Dès lors la machine est enrayée et au cours de ses nouvelles apparitions il ne parvient pas à redescendre sous les 3'33 au 1500m. Noah Ngeny ne peut défendre son titre en 2004 bien que réalisant 3'33''38. Triste fin. Mais comment oublier son fabuleux record du monde du 1000m et sa victoire face au maître Hicham El Guerrouj à Sydney...

                                            Page 3 : Le Kenya et le steeple : une affaire de Famille