• Récit Antoine II

    Grenoble-Villard, entre boulonnais                                                                     Retour

                                                                       Il me faut attendre mon car près d’1h30. Frédéric, quant à lui doit rejoindre son frère. Récit Antoine II On discute encore une trentaine de minutes et nous souhaitons mutuellement une bonne course.

     En gare routière, j’aperçois un t-shirt connu : celui du dernier semi-marathon de Boulogne-Bt...                     J’avais remarqué sur la liste des inscrits qu’il y avait un boulonnais, mais pas inscrit en club. Je me présente...

     Ariel est comme moi un quasi-novice en ultra-trail, malgré quelques courses sur route ou en nature, dont le 80km de l’Éco-Trail de Paris. Naturellement, on discute de nos expériences et attentes, et de notre ultra-trail.

    De nationalité argentine et travaillant en France, il apprécie la variété de nos paysages sur un petit territoire, comparé aux vastes étendues de son pays. D’ailleurs, ces longues distances font que le trail y est un sport luxueux, réservé à ceux qui peuvent voyager...

    Dans le bus, alors que nous essayons de repérer les points remarquables du tracé – plus facile à dire qu’à faire – on commence à se dire que ce ne sera pas une balade tranquille et reposante.

     Arrivé à Lans-en-Vercors, je suis attendu par Jean-Claude, le mari de mon hôtesse.

    Avant que je rejoigne mon gîte, et Ariel son camping, nous allons récupérer nos dossards, ainsi que le sympathique t-shirt technique Raidlight (sponsor de l’événement) – très pratique avec son col Mao et sa fermeture éclair – et assister au briefing d’avant course.

     Entre bonnes et mauvaises nouvelles

     L’organisation nous annonce que la trace GPS a été modifiée pour prendre en compte les portions traversant les propriétés privées, parties non divulguées jusqu’alors pour éviter les repérages sauvages... Je me disais aussi qu’il manquait quelques kilomètres sur la courbe...

     On nous met aussi en garde concernant les loups... ou plutôt sur le fait qu’il ne faut en aucun cas traverser un troupeau, sauf à vouloir être considéré comme un agresseur par les patous, les chiens gardiens de troupeau... qu’il faut les laisser nous approcher pour qu’ils puissent nous identifier... Mais sachant qu’il y a chaque année des accidents graves : gloups ! Gentils les gros toutous !!!

     Côté météo, un passage pluvieux est attendu dans la soirée. Il précède un système dépressionnaire orageux... Pour la course, le temps reste incertain car dépendant du chemin que suivra la dépression en arrivant sur les reliefs.                                            Çà risque d’être une partie de plaisir...

     Je ne profite pas du délicieux dîner de notre hôte, à regrets, car j’ai emmené ma salade de riz-thon-patate douce, de même que ma classique crème petit-déjeuner et ma boisson soja-chocolat. Malgré le confort du gîte, je passe une nuit agitée : la citation de Benjamin Franklin passe et repasse dans ma tête comme un disque rayé…

     Go  - no go ?

     Sur les 425 chanceux inscrits, nous ne sommes finalement que... 331 à passer sous l’arche (sympa pour les recalés de la liste d’attente !). Combien la franchiront à nouveau ?                                                                                                                                Les prévisions météo ont peut-être rebuté certains…                                                 Finalement, le temps est prévu clément pour la journée, mais la pluie est annoncée pour la fin d’après-midi avec probabilité d’orages. Au cas où, l’organisation a prévu un parcours bis pour contourner le Moucherotte, notre dernier sommet et point culminant de notre périple à 1.901 m d’altitude. On espère…

     5h00, c’est parti pour 86 km et 4.600 m de D+… Officiellement !

     Relais 1 : vertige assuré !

     On attaque direct en montée légère dans les rues de Villard, mais dès la sortie des faubourgs, il y a 750 m de D+ vers le Col Vert à 1.766 m d'altitude, dont la dernière moitié devient de plus en plus raide, presque verticale. Il s'agit de ne pas se griller mais, tout étant en monotrace, il ne faut pas traîner non plus : çà pousse derrière…                 Je grimpe d’un bon pas et suis dans la première moitié de la file, je dépasse plus que je ne suis doublé. Au dessus, on distingue la guirlande des frontales, c’est super beau et cela donne aussi la mesure de la hauteur du sommet et de la vitesse des premiers, de vrais bouquetins...                                                                                                     Lorsque la pente se raidit, de nombreux concurrents marquent le pas et je double à la moindre occasion. La fin est un chemin de chèvre et les bâtons deviennent inutiles, voire gênants : il faut s’aider des mains pour gravir les derniers mètres.

     Arrivé au Col Vert, je devais prendre une pâte de fruits, mais dois renoncer : il n’y a pas de plateau, aucune possibilité de s’arrêter, mes 2 mains sont indispensables à mon équilibre et les bâtons bienvenus car il faut attaquer la descente, et quelle descente…                                                                                                                                        Il fait toujours nuit et la lumière de la frontale renforce l'impression saisissante de raideur de cet étroit sentier sinueux et caillouteux...                                                               J’ai une sensation de vertige que je suis déterminé à contrôler, je dois vaincre cette appréhension, je ne suis pas au bout de ma peine...                                                    J’ai les jambes en coton, mes pas sont mal assurés, je n’arrive pas à prendre un rythme ni à me lancer réellement dans la pente... Par sécurité, je me range très souvent et laisse de nombreux concurrent me doubler, et perds ainsi tout le bénéfice de ma bonne gestion de la montée. Je perds une quarantaine de places, voire plus…   Le serpentin d’une centaine de mètres de haut se termine enfin, je prends ma pâte de fruits. Je m’astreins à arroser le bas-côté, un réflexe pour contrôler mon bon niveau d’hydratation et éviter un arrêt forcé comme en juin à l’Ardennes Méga Trail… Encore une bonne quinzaine de places perdues…

     Débute une partie normalement roulante : les Balcons est du Vercors. Mais la descente m’a énormément coûté au classement et je me retrouve coincé dans une file indienne qui n’avance pas… ... 

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